Dans le cadre de la manifestation organisée par l’Association des travailleurs et travailleuses d’agences de placement (ATTAP), un membre du IWW Montréal a pris la parole, voici ce qu’il avait à dire.
Bonjour à tous et toutes, je suis membre du Syndicat Industriel des Travailleurs et Travailleuses, le IWW Montréal. Nous sommes ici aujourd’hui en solidarité avec les travailleurs et travailleuses d’agence de placement. Nous sommes ici pour les soutenir, en tant que travailleurs, et pour faire écho à leurs revendications!
Avant de vous parler de leurs revendications, j’aimerais vous faire part d’une réflexion sur les agences de placement. Le tract de l’ATTAP, qui nous invite aujourd’hui, dit la chose suivante : « Les agences de placement ne créent pas de l’emploi, elles précarisent des emplois qui existent déjà. » C’est vrai, pour avoir déjà travaillé dans une agence de placement quand je suis arrivé au Québec, j’ai pu constater à quel point on pouvait profiter de nous. Car on ne va pas se lecacher, dans l’agence de placement où j’étais, Bédard Ressource pour ne pas les nommer, quand je m’y rendais le matin, j’étais le seul blanc. Les agences de placement, c’est le derniers recours pour les nouveaux arrivants, souvent les plus précaires et les plus démunis. Moi j’ai eu de la chance, ça n’a pas duré longtemps avant que je trouve un emploi permanent, payé au salaire minimum bien entendu.
Je vais vous raconter une petite anecdote qui m’est arrivée une journée dans une agence de placement. Je me lève le matin à 5h15 pour arriver là–bas à 6h15, parce que c’est à l’autre bout de la ville évidement. J’attends qu’on m’appelle. 7h00. 8H00. 8H15 et finalement on monte dans une van. Départ avec 5 autres gars, tous des immigrants, pour une usine dans le fin fond de l’Ouest de l’île.
On arrive vers 9h00, on entre dans la salle de repos de l’usine et le contremaître vient nous voir. Il dit à notre dispatcher : « Désolé, j’avais demandé des femmes. » On rentre dans le van, retour vers
l’agence, on ne dit rien. De retour à l’agence, il n’y a rien d’autre pour moi aujourd’hui. C’est ma première journée de travail avec Bédard, alors comme le veut la règle, je ne suis pas payé pour le déplacement. Une journée de perdue!
Ce qui me frappe chez les agences de placement, c’est ce qu’elles vendent : de la main d’œuvre. Elles ne produisent rien. Leur marchandise, leur matière première c’est nous. Et moi le commerce de la main d’œuvre bon-marché, corvéable à merci, ça me rappelle l’esclavage. De l’esclavage moderne bien sûr, encadré par la loi. C’est pour ça qu’on se joint à l’ATTAP aujourd’hui pour demander, de nouveau, l’abolition de cet esclavage déguisé et que nous exigeons, dès maintenant :
1) Un salaire minimum à 15$ de l’heure, et ce, MAINTENANT, pas en 2022. Ceux qui nous disent d’attendre ou d’être patients peuvent peut-être se le permettre, pas nous!
2) La co-responsabilité des employeurs-clients et des agences de placement dans le respect des droits des travailleurs et des travailleuses.
3) L’embauche après trois mois de travail pour le même employeur.
4) Un salaire égal pour un travail égal, peu importe que la personne soit employée d’agence ou directement de l’employeur.
Ces revendications doivent être appliquées maintenant!
Une dernière chose qui s’adresse à certaines organisations syndicales. Si l’esclavage moderne existe toujours, arrêtez de négocier avec nos maîtres. Arrêtez de négocier quelle doit être la longueur de nos chaînes. Descendez dans la rue. Fini les parades. Venez nous aider à brasser la cage le 1er Mai!